lundi 23 juin 2008

le centre de rétention de Vincennes détruit par le feu

un de moins... des précisions au fur et à mesure...

lundi 23 juin 2008


LE CENTRE DE RÉTENTION DE VINCENNES INCENDIÉ PAR DES SANS-PAPIERS EN COLÈRE


Le centre de rétention de Vincennes est parti en fumée dimanche après que des détenus aient mis le feu à leurs matelas. - AFP

Le centre de rétention administrative de Vincennes a été détruit dans un incendie dimanche, déclenché par les sans-papiers en colère après le décès d'un des leurs. Les sans-papiers ont été transférés, mais 14 manquent à l'appel, ayant réussi à s'échapper dans la cohue du sinistre et de la manifestation spontanée qui s'est déroulé devant le centre.

Les deux bâtiments du Centre de rétention administratif (CRA) de Vincennes ont été détruits dans un incendie qui s'est déclaré dimanche. "Les deux bâtiments sont entièrement détruits et les personnes ont été évacuées dans le gymnase de l'école de police", situé dans l'enceinte du CRA, a indiqué le responsable FO, Luc Poignant.

Deux incendies se sont déclarés simultanément vers 15h45 dans les bâtiments 1 et 2 du CRA. Ils ont vraisemblablement été déclenchés par les sans-papiers qui ont mis le feu à leurs matelas pour protester contre leurs conditions de rétention et le décès, samedi, d'un détenu tunisien, mort d'une crise cardiaque. Selon Bahiga Benkouka, du 9è collectif de sans-papiers, l'état de santé de la personne décédée était "incompatible avec la rétention, c'est à l'hôpital qu'il aurait dû être". Ce que réfute la préfecture de police.

Prévisible

Le centre de rétention de Vincennes est composé de deux bâtiments de 140 places chacun, ce qui en fait le plus grand de France. "Tous ceux qui ont pénétré dans ce centre ont témoigné des conditions de tension extrême dans lesquelles vivent les retenus. Elle est le résultat d'une situation explosive et indigne, connue et provoquée par le gouvernement", déclare Cécile Dufflot, secrétaire nationale des Verts. "Les départs d'incendie, les auto-mutilations, les accrochages sont quotidiens dans le centre", souligne à Gérard Moyon, du Réseau Education Sans Frontières (RESF).

14 manquent à l'appel

Toute la journée, proches de retenus et associations ont fait le pied de grue devant le CRA, demandant leur libération. A la suite de cet incendie, 235 sans-papiers ont été transférés, dans la nuit, vers les centres de Lille, Nîmes, Palaiseau et Oissel. Par ailleurs, 14 sans-papiers manquent à l'appel, ayant réussi à s'échapper dans la cohue.




voir également:

un témoignage sur HNS-info

vidéo rue 89 - 1

vidéo rue 89 - 2




à propos des CRA, en consultation (296 pages) le RAPPORT CIMADE 2008

11 commentaires:

Anonyme a dit…

Incendie du centre de rétention de Vincennes: un seul évadé selon la police

AP | 23.06.2008 | 14:13

La police judiciaire recherchait lundi un étranger en situation irrégulière qui s'est évadé lors de l'incendie dimanche du centre de rétention administrative (CRA) parisien de Vincennes, a-t-on appris de source policière. L'homme faisait partie des 249 personnes en instance d'expulsion qui se trouvaient "retenues" lorsque le feu a ravagé les deux bâtiments.

Lors d'un premier décompte, la préfecture de police de Paris avait évoqué la fuite de quatorze personnes.

Les étrangers ont été dispersés dans différents centres à Lille (Nord), Palaiseau (Essonne), Oissel (Seine-Maritime) et à Nîmes (Gard) où 86 d'entre eux ont été acheminés par TGV dimanche vers 23h sous bonne escorte policière, selon une source policière.

L'association Cimade, présente dans ces différents centres de rétention, faisait un décompte différent des retenus transférés: 100 seraient arrivés lundi matin à Nîmes, 54 à Lille, 16 à Palaiseau, 17 à Oissel et 45 ou 46 dans le dépôt de la Cité à Paris, soit un total de 232 ou 233 personnes.

Le laboratoire central de la Préfecture de Police tente actuellement de déterminer les causes de l'incendie. La deuxième division de police judiciaire (DPJ) a elle été chargée de l'enquête. Deux "retenus", soupçonnés d'avoir mis le feu au CRA, sont actuellement en garde à vue dans le cadre de ces investigations. AP

Anonyme a dit…

Un retenu du CRA de Vincennes témoigne

Sans-papiers | lundi, 23 juin 2008 | par Lionel Châtelain

Une enquête a été ouverte après le décès d’un Tunisien sans papiers, samedi 21 juin, au centre de rétention de Vincennes (Val-de-Marne), qui a été partiellement détruit dimanche 22 juin par un incendie volontaire. Selon la police, il a succombé à une crise cardiaque et n’a pas subi de violences. Nombreux sont les retenus qui remettent en cause la version policière. Le Gisti, groupe d’information aux travailleurs immigrés a recueilli le témoignage de l’un d’entre eux que « Bakchich » publie en intégralité.

L’avocat Stéphane Maugendre, président de l’association, précise que le Gisti a mis en place un réseau de diffusion interne de compte-rendus des situations dans les centres de rétention et qu’« en général, les faits relatés sont assez conformes à la réalité ». Selon les résultats de l’autopsie, révélés dimanche par la préfecture de police « tant les premières constatations médicales que l’autopsie, réalisée dans le cadre de l’enquête en cours menée par la police judiciaire, écartent la présence de traces anormales ».

Le témoignage d’un retenu du centre de rétention de Vincennes

« Le monsieur qui est mort hier dans le centre n’était pas cardiaque. Avant de rentrer au centre il prenait déjà des médicaments tous les jours, il avait une ordonnance du médecin. Il était dans un état psychiatrique, il disait qu’il voulait aller à l’hôpital psychiatrique. Il demandait des médicaments et on ne voulait pas lui en donner, l’infirmière ne lui donnait pas sa dose, il demandait à d’autres retenus d’aller à l’infirmerie pour demander sa dose. Si le médecin lui avait donné sa dose il serait encore parmi nous aujourd’hui. La veille du jour où il est mort, il tremblait beaucoup, il savait pas pourquoi, il se sentait malade. Peu de temps avant de mourir, il a décidé de faire une sieste et a demandé à son copain russe de le réveiller pour qu’il puisse aller à l’infirmerie qui ouvre à 15h. Son copain est venu une première fois, il a essayé de le réveiller, son visage était tourné vers le mur, on voyait pas très bien. Il a cru qu’il dormait profondément et il a préféré le laisser dormir. Dix minutes après il est revenu, ça s’est passé pareil. Du coup il est allé cherché un autre retenu, et tous les deux ils ont essayé de le réveiller, ils lui ont tourné la tête, il avait du sang sur le nez et la bouche, il était bleu turquoise, il était tout dur, tout raide, froid. Ils ont crié au secours, tout le monde est venu.

Evacuation à coups de boucliers

La police a essayé d’évacuer le lieu, les retenus exigeaient de savoir ce qui se passait. Panique totale. Les policiers ont demandé des renforts, ils sont venus avec des boucliers, ils ont tapé les gens dans le couloir, nous on a pas pas répondu (de toute façon y a pas de pierres dans le couloir avec lesquelles on aurait pu répondre), on a quand même été gazé. J’étais devant la porte, j’ai pris le gaz dans les yeux. Le chef de permanence a aussi pris le gaz en plein visage. Il était tout rouge. Alors la police a bloqué toutes les allées pour empêcher d’accéder aux chambres. Ils ont bloqué les portes coupe feu, ils ont essayé de faire une barricade. Les CRS étaient dans la cour. J’ai demandé à parler au chef avec des camarades Ils ont autorisé 4 personnes à aller voir le chef. On lui a dit « On veut en savoir un peu plus sur l’état du retenu pour pouvoir calmer la population ». Le chef nous emmené dans le réfectoire pour discuter, il nous a dit « la priorité c’est de s’occuper du retenu qui va pas bien ». Il a promis de nous informer. Deux heures après, toujours rien. Les gens se sont alors agités près de la porte n°1, un retenu s’agitait plus que les autres, les policiers nous ont chargé mais ils avaient une cible, ils ont pris le retenu agité et ils sont rentrés avec lui.

«

Il n’a pas voulu nous dire qu’il était mort

»

J’ai encore parlé au chef : « vous envenimez la situation au lieu de la calmer, il faut relâcher le retenu pour calmer la situation » le chef a dit que comme il était agité on allait le mettre en isolement et si possible on le relâchera sain et sauf, il a promis de rien lui faire. J’ai promis au chef de calmer les autres. J’ai dit aux autres qu’il fallait pas tomber dans la provocation qu’il fallait se calmer. Celui en isolement a été relâché 2h après. On a voulu avoir le nom du policier qui nous a gazé pour porter plainte contre lui mais ils n’ont pas voulu nous le donner. Au va et viens des policiers et des pompiers on a compris qu’ils n’avaient pas pu le sauver. J’ai demandé au chef permanent, il m’a dit que le monsieur était dans un état critique, mais qu’il était en vie. Il n’a pas voulu nous dire qu’il était mort pour ne pas avoir des représailles. Le chef de rétention (il était en civil) essayait de téléphoner mais comme il y a un problème de réseau dans le bâtiment, il est sorti dans la cour pour téléphoner. Je suis allé le voir, je lui ai demandé de m’accorder 2mins, il a dit oui. On voulait savoir l’état de santé du retenu, il m’a sorti le même refrain comme quoi son état était critique, mais qu’il était en vie. Je suis resté sceptique Les deux camarades du mort ont été appelés pour faire un témoignage comme quoi quand il l’ont vu dans son lit il était déjà mort, raide. Les policiers préparaient déjà leur défense. C’est contradictoire parce que les policiers disaient toujours qu’il était vivant. Ils ont fait signer un procès verbal aux retenus comme quoi quand ils sont arrivés il était déjà mort.

De l’autre côté, du côté de la porte 3, la population s’est agitée, les policiers ont pris un retenu qui était très agité, la population s’est alors encore plus énervée, du coup la police a relâché le retenu. Quand ils ont sorti le retenu mort avec le Samu et les pompiers, j’ai encore parlé avec le chef qui me disait encore qu’il était vivant. Et puis on nous a dit qu’il était mort à l’hôpital. Un des deux retenus qui a découvert sont camarade mort a parlé avec un policier, même lui a reconnu qu’il était mort dans la chambre. Pourtant, depuis 16h, où on l’a retrouvé mort, jusqu’à 21h il est resté ici. Pendant tout ce temps en fait ils étaient en train de prendre des photos, de discuter avec le commissaire….

«

Le centre a pris feu dans une chambre

»

Et puis le centre a pris feu dans une chambre. C’est une chambre qui est près de la salle qu’on nous a réservée pour faire nos prières. C’était quand on savait que c’était fini pour lui. Les policiers ont éteint avec des extincteurs, les pompiers sont venus. Tout a brulé dans la chambre, les chinois qui dormaient dedans ont perdu tous leurs effets personnels. Les chambres 1 à 11 étaient bloquées, ça a brulé du coté de la chambre 20. Je ne sais pas s’il y a eu des représailles ou si on sait pas qui a mis le feu, moi j’étais de l’autre côté. Aujourd’hui les policiers veulent pas parler de ce sujet, ce n’est pas les mêmes qui étaient là hier soir, ils ont changé d’équipe. J’ai parlé hier par téléphone avec un retenu du CRA1, ils ont manifesté aussi là-bas leur mécontentement. »

Anonyme a dit…

reportage

«Ici, personne ne sait ce qui va se passer le lendemain»

La vie à l’intérieur du centre de Vincennes : témoignages de retenus.

GAËL COGNÉ et MOURAD GUICHARD
QUOTIDIEN : mardi 24 juin 2008

«Les six toilettes étaient dégueulasses, on se douchait à l’eau froide, la nourriture était dégoûtante, on dormait à 7 ou 8 dans une chambre de 15 m2, parfois par terre, sur des matelas.» Depuis quelque temps, Bruno, retenu au centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes, sentait que la tension montait. Depuis les incendies de dimanche, les associations de soutien aux sans-papiers, qui suivent l’évolution de la crise depuis des semaines, font état d’une tentative de suicide par jour, de nombreuses mutilations, et rapportent elles aussi que la tension allait «crescendo».

Abou N’dianor, 40 ans, a été retenu à Vincennes, après un passage au centre du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) : «Là-bas, les gendarmes étaient plus cléments. Ils faisaient l’appel une fois le matin, à 7 h 30, et une fois le soir, à 20 h 45. A Vincennes, les policiers ouvraient la porte des chambres jusqu’à quatre fois par nuit et demandaient qui se trouvait sur tel ou tel lit. Il fallait sortir sa carte.» Arrivé à Vincennes le 20 décembre 2007, ce professeur de soutien en mathématiques a été à l’origine de la première grève de la faim des sans papiers dans le centre. «Tout a commencé au Mesnil-Amelot. Il y avait beaucoup d’arrestations injustes, comme ce Sud-Africain qui vivait en France depuis dix-neuf ans et avait une fille au lycée. Alors qu’il était hospitalisé, il avait oublié de faire renouveler son titre de séjour. Ils ne cherchent pas à savoir.»

Tabassages. Le lendemain, ils sont plus de 100 à se rendre à la cantine en arborant des petits slogans collés sur leurs chemises : «Suis-je un être humain ?», «Les immigrés ont-ils des droits ?», «J’ai transpiré pour la France.» Le directeur les reçoit. Quelques-uns sont rapidement libérés. «On a compris que nos dossiers étaient traités à la va-vite.» Abou N’dianor, ciblé comme le principal agitateur, est transféré à Vincennes. Il tente de réitérer l’expérience. «Certains étaient plus virulents. Il y avait des bagarres avec les policiers.» Malgré tout, il les convainc de suivre la voie de la grève de la faim. Le Sénégalais est rapidement libéré pour vice de procédure dans son transfert entre les deux centres de rétention. Après son départ, la grève se poursuit en dent de scie jusqu’au début du mois de janvier. Des tentatives de suicide sont régulièrement évoquées, ainsi que des émeutes en février (deux chambres avaient été incendiées) et en avril. On parle également de tabassages. Les grèves de la faim s’enchaînent.

«Des animaux». Le stress du quotidien est énorme. «Dans ces lieux, personne ne sait ce qu’il va se passer le lendemain, poursuit Abou. Alors on fume, prostré, on reste dans un coin de la salle de télévision à ne rien faire.» Il n’y a ni bibliothèque, ni lieu de détente, hormis cette salle télé bondée. «A l’arrivée, ils prennent nos stylos et tout ce qui peut servir à prendre des notes», confie Traore, un Sénégalais retenu en avril et mai 2008. «Après, ce n’est plus qu’un lot de vexations, même infimes. Soit tu suis le mouvement, soit tu fermes ta gueule. Et ça, les policiers te le font bien comprendre.» Certains résidents, comme Traore, un ressortissant malien, se plaignent de violences physiques, notamment au cours des transferts pour se rendre dans le bureau du juge. «J’avais beau dire aux policiers que je respirais mal, l’un d’eux m’a jeté dans le fourgon et a fermé la porte en la frappant violemment. Il savait que j’étais derrière, mais il insistait et frappait encore. Avec mes menottes, je ne pouvais rien faire.»

Mamadou, un autre Malien présent de mai à juin à Vincennes, comprend que certains aient craqué. «On nous prend pour des criminels, des animaux, des objets. Ce que j’ai vécu là-bas a modifié mon image de la France pays des droits de l’homme.»

Anonyme a dit…

CIMADE

Incendie du centre de rétention de Vincennes

CONFERENCE DE PRESSE
24 juin 2008

+

DOSSIER DE PRESSE


avec notamment des extraits de courriers entre la Cimade et la préfecture de police de Paris (février – juin 2008)

Anonyme a dit…

Section syndicale CNT Cimade

Communiqué

Le CRA de Vincennes est mort et on ne le pleure pas!

Une prison pour sans-papiers de 280 places c'est une poudrière qui bafoue les droits des personnes, qui les pousse à la violence, qui les soumet à l'arbitraire des policiers.

Nous, CNTistes de la Cimade, voulons dépasser le climat d'émotion autour de cette péripétie pour rappeler notre position: fermeture de tous les lieux de rétention, les CRA et les LRA.

Oui nous travaillons à l'intérieur de ces camps que nous souhaitons fermer et nous continuerons à y aider, sans exclusive et sans jugement, nos camarades sans-papiers. Nous continuerons tant que ce système existera car c'est sur le terrain que se pratique la vraie solidarité!

Les socialistes veulent faire dans les CRA ce qu'ils ont fait dans les cités: repasser un coup de peinture en tentant de faire oublier que la rétention administrative est leur enfant!

Sans doute veulent-ils en profiter pour faire oublier leurs votes pour la directive de la honte ou leurs abstentions encore plus lâches.

A l'heure où le ministère de l'immigration veut supprimer petit à petit la présence d'une association indépendante dans les CRA, nous demandons à tous les soutiens des sans-papiers d'être vigilants, pour que la parole de la Cimade ne soit pas étouffée.

Pour qu’une réforme du CESEDA ne supprime pas la présence d'une association nationale et indépendante dans les CRA pour aider les personnes à l'exercice effectif de leurs droits! Car comme toujours en France on préfère casser le thermomètre que d'expliquer pourquoi il indique de la fièvre.

Nous ne reviendrons pas sur les alertes nombreuses envoyées aux ministères, sur les conséquences d'une politique du chiffre stupide et nous apportons tout notre soutien aux camarades de RESF ou de tous les collectifs qui sont désignés comme bouc émissaire par un gouvernement emmuré dans ses certitudes.


Liberté de circulation et d'installation pour tous!

Suppression des lieux de rétention!

Le 25.06.08

La section syndicale CNT Cimade

Anonyme a dit…

Communiqué du GISTI

La vérité sur Vincennes

Samedi 21 juin 2008, un ressortissant tunisien de 41 ans, détenu au centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes, est mort dans des circonstances obscures. Les responsables du centre auraient été alertés de son état de santé et auraient pu prendre les mesures utiles pour éviter ce drame. Une chape de silence a recouvert ce décès : d’abord le samedi même, où les personnes retenues n’ont pas réussi à obtenir des nouvelles de leur camarade d’infortune ; puis les jours suivants où aucune information n’a été fournie sur les circonstances de son décès.

Ce silence des autorités a été sans doute l’élément de trop, celui qui a déclenché la révolte des sans papiers. Un incendie a détruit entièrement le CRA de Vincennes sans, heureusement, faire de victimes. Les autorités se sont précipitées pour arrêter des « coupables » : deux personnes se sont retrouvées en garde à vue, puis ont été déférées devant le procureur de la République qui a requis leur mise en examen des chefs de destruction de bien par substance incendiaire et incitation à l’émeute et leur placement sous mandat de dépôt. Là encore, la désinformation a fait son œuvre : l’AFP semble parler de mises en examen et de placement sous écrous, signifiant ainsi leur responsabilité criminelle auprès de l’opinion publique.

Or tout laisse croire que les deux étrangers déférés n’ont été que des boucs-émissaires et que peu de choses puissent leur être directement reprochées. Le premier, plusieurs fois en contact avec l’extérieur du centre, s’est montré au contraire, au moment des évènements de samedi, calme et jouant les modérateurs. Il a été immédiatement remis en liberté par le juge d’instruction lui même tandis que le second l’a été par le Juge des Libertés et de la Détention. Par ailleurs, le Juge d’Instruction a abandonné les poursuites sous le chef d’incitation à l’émeute. Qui peut croire qu’ils auraient bénéficié d’un tel traitement si des preuves accablantes de leur implication dans l’incendie se trouvaient dans le dossier ?

Enfin, le porte parole de l’UMP accuse les militants soutenant de l’extérieur les personnes retenues, d’être les instigateurs de la révolte dans les CRA : cette criminalisation de ceux qui contestent la politique du chiffre est une façon de dégager le responsabilité pourtant difficilement contestable des autorités publiques.

* Le Gisti appelle toutes les associations de défense des droits de l’homme à se constituer partie civile afin que soient éclaircies les circonstances de la mort.

* Le Gisti demande aussi à ce que des parlementaires saisissent la commission nationale de déontologie de la sécurité dans le même but et pour examiner le comportement des autorités policières dans leurs rapports avec les retenus. Au delà, toute la lumière doit être faite sur le comportement des autorités publiques avant, pendant et après le décès du retenu et l’incendie.

* Il émet également le vœu que Monsieur Jean-Marie Delarue, récemment nommé contrôleur général des prisons, aille visiter l’ensemble des lieux d’enfermement réservés aux étrangers (centres de rétention, mais aussi zones d’attente), comme il en a la compétence.

Chacun sait que depuis des mois, il ne se passe pas une semaine sans que des bagarres, des auto-mutilations ou des tentatives de suicide se produisent au centre de Vincennes. Il ne se passera plus rien là-bas. Mais ailleurs ?

Paris, le 30 juin 2008

Anonyme a dit…

ACTION COLLECTIVE

Mort suspecte à Vincennes

Les associations demandent au Procureur de la République l’ouverture d’une information judiciaire

Monsieur Abdel Karim SOULI, 41 ans, de nationalité tunisienne, est décédé dans des circonstances obscures au centre de rétention de Vincennes. Les responsables du centre auraient, semble-t-il, été alertés de son état de santé.
Son corps a été découvert le samedi 21 juin 2008 entre 15 et 16 h et ces mêmes autorités auraient mis beaucoup de temps avant d’intervenir et d’appeler les secours.

Une chape de silence a recouvert ce décès et aucune véritable information n’a été fournie sur les circonstances de cette disparition.

C’est pourquoi les associations signataires ont écrit à Monsieur le Procureur de la République qu’elles entendent se constituer partie civile et lui demandent de bien vouloir ouvrir une information judiciaire.

Le 24 juillet 2008

Signataires :

* ATMF (Association des travailleurs maghrébins de France)
* FTCR (Fédération des Tunisiens pour la solidarité des deux rives)
* Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés)
* LDH (Ligue des droits de l’homme)
* Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amité entre les peuples)

Anonyme a dit…

C'est peut-être bien l'un des derniers rapports de la Cimade : http://www.rue89.com/2008/09/21/hortefeux-veut-limiter-les-droits-des-etrangers-en-retention

edgar a dit…

Effectivement.
C'est dans la LOGIQUE du pouvoir...
Et en plus c'est LA CRISE...

edgar a dit…

merci pour l'info, décidément c'est l'opacité totale... zones de non droit, on ne le dira jamais assez. A ce propos j'ai écouté hier un reportage rfi sur l'île de Lampedusa, effarant. Et admirables aussi la solidarité et la colère des habitants de l'île...

24/02/2009
Les candidats à l’exil à Lampedusa

Jusqu’à présent, Lampedusa était une étape pour les candidats à l’immigration, au cours de leur long voyage vers l’Europe. Un lieu de passage plein d'espoir pour ceux qui avaient bravé tous les dangers pour y arriver en bateau...souvent depuis la Tunisie qui se trouve à peine à 130 km de cette île à l'extrême sud de l'Europe.

1500 à 2500 dollars : c’est le prix pour une place à bord, mais l’espoir n’a pas de prix. Mais tout a changé depuis peu : dans le nouveau « Centre d'Identification et d'Expulsion », ils restent enfermés jusqu’à leur rapatriement. Depuis cette décision du ministre de l'Intérieur Roberto Maroni, l'île - connue comme paradis pour touristes - est en émoi. Habitants et migrants se sentent pris en otage par le gouvernement et appelle à la révolte contre ce nouvel « Alcatraz ».

à écouter ici

edgar a dit…

à noter aussi:

FEU AU CENTRE DE RETENTION - DES SANS-PAPIERS TEMOIGNENT

Un collectif s’est constitué en janvier 2008 pour prendre contact directement et régulièrement avec les sans-papiers en révolte dans les centres de rétention.

En téléphonant quotidiennement, en visitant les détenus, en les soutenant et en organisant des manifestations devant les centres, ce collectif a rendu possible une lutte commune aux détenus et aux personnes de l’extérieur. Un livre qui relate ces discussions est publié, et disponible dès à présent en librairie. L’un Visible en présente des extraits. Ce collectif a réussi à transformer la façon de considérer les CRA : ce ne sont plus seulement des lieux où les sans papiers sont maltraités, ou des lieux de relégation, mais un lieu d’application de la politique d’État. L’État dit qu’il y a des clandestins dans des Centres de rétention administrative dans l’attente du traitement de leur cas ; les sans-papiers disent qu’ils sont en prison et qu’ils ne sont pas des prisonniers. Être dans une prison sans être un prisonnier : cette position insoutenable et absurde les a amenés logiquement, en juin 2008, à brûler le centre de rétention de Vincennes.

Pour qui condamne cette politique et veut l’égalité de traitement de tous ceux, français comme étrangers, qui vivent sur le territoire, alors la fermeture des CRA est juste.

c'est sur l'1visible